Bienvenue sur le blog de Wendenmi Ezéchiel OUEDRAOGO

Je suis une branche de la vigne

Je saisie ces lignes parce que je crois qu’ensemble nous pouvons changer le regard sur les personnes en situation de handicap. Je crois qu’ensemble nous pouvons faire valoir leurs droits.

Nul n’est à l’abri du handicap. Il se moque de qui tu es. Peu importe ton rang social ou ton âge.

Quand j’étais sur pied, je ne savais pas ce que la personne en situation de handicap affrontait comme obstacles dans la vie. J’ai aidé quelques-uns à monter une pente avec leur tricycle.

Mais comme on le dit, il faut vivre certaines situations pour les comprendre. J’ai déjà évoqué dans un article précédant le fait que la paralysie fut instantanée le jour de mon accident. Pour moi, je me disais que j’allais seulement faire un tour à l’hôpital et le problème serait réglé. Je ne savais pas que j’allais faire sept mois à l’hôpital, dans l’incapacité de soulever mon bras. Changer du statut de personne valide à personne handicapée est super difficile à accepter. Il n’y a pas de mot pour qualifier la douleur que l’on ressent.

Imaginez-vous un adolescent couché sur le dos durant plus de 45 jours ne sachant pas où est posé son pied. Oh oui ! C’était la triste réalité que je vivais. Je ne savais pas si mes bras étaient croisés sur mon ventre ou s’ils étaient étendus sur le matelas. Même si on les coupait à l’époque, je n’allais rien ressentir. Je ne pouvais absolument rien faire sans l’aide d’une personne. Je voyais tous mes rêves s’évanouir. Mon plus grand désir était de retrouver la santé et de rejoindre mes camarades à l’école.

Mais la réalité était autre. Je suis devenu handicapé. J’étais en colère contre moi-même et contre tout le monde. Mon corps n’exécutait plus les ordres du cerveau. Il était squelettique, vilain. Je n’aimais plus mon propre corps. Mes rêves étaient bouleversés, le programme de ma famille aussi. Il fallait tout réaménager à la maison dans le souci de m’assister. Chaque membre de la famille faisait de son mieux pour m’aider. Ma mère revenait une ou deux fois de son service pour prendre de mes nouvelles. J’étais bien entouré et jusqu’à présent je suis bien entouré. C’est juste une grâce.

Toi qui me lis, je voudrais te relater un tout petit peu mon histoire pour que tu comprennes ce que j’ai vécu durant les huit premiers mois de ma transition vers  » le monde des handicapés « .

C’est carrément un monde à part, j’avoue. Beaucoup de handicapés sont rejetés, humiliés, méprisés…limite ‘’marginalisés’’. Nombre d’entre eux ont des bagages intellectuels, mais les portes leur sont fermées à cause de leur handicap. On les sous-estime, on les classe comme des sous-hommes. Triste réalité !

Imaginez-vous du jour au lendemain incapable de faire certains gestes simples sans l’aide d’une personne.

Certains se sont battus pour se faire une place dans la société mais se sont heurtés à la méchanceté de la société et ont fini par jeter l’éponge.

D’autres ont mis fin à leur vie, non pas parce qu’ils ne supportent pas le handicap, mais à cause de la méchanceté de la société qui grandit chaque jour. Je les comprends même si je ne cautionne pas cette solution.

Supporter le regard des autres est très difficile. Lorsqu’on vit avec un handicap, il peut y avoir de l’incompréhension des membres de sa famille vis-à-vis de soi. Ils peuvent penser que tu ne te bats pas, tu ne fais d’efforts, que tu es aigri, colérique … Je comprends parfaitement leur réaction. Quand on est valide, soulever un bras, se tenir debout, amener la nourriture à la bouche, etc. est très simple. Facilement on peut se dire « il peut, mais il ne veut pas faire d’efforts ». J’estime que c’est grave de nourrir de telles pensées, et pire si la personne concernée venait à entendre cela.

Rien n’est facile pour la personne en situation de handicap. Il doit fournir plus d’efforts chaque jour.

COMMENT SOUTENIR LES PERSONNE À MOBILITÉ RÉDUITE ?

1- Il faut d’abord se mettre à la place de la personne un tant soit peu et se poser les bonnes questions.

Et si c’était moi même ? Qu’est-ce que j’aimerai qu’on fasse pour moi ? Si c’était mon frère, ma sœur, mon mari, ma femme, mon enfant…laisserai-je la société le priver de son droit, le rejeter ? Laisserai-je une personne lui manquer de respect ? L’humilier ?

Sais-tu que plusieurs pensent que si une personne en situation de handicap les appelle pour un renseignement dans la rue, automatiquement ils vont penser que c’est pour quémander de l’argent.

Là n’est pas les soucis, t’es-tu demandé pourquoi il y a de plus en plus de personnes en situation de handicap qui quémande dans les rues ? T’es-tu déjà approché de l’un d’entre eux, même une fois lui demander ce qu’il peut faire comme travail malgré son handicap et voir comment le soutenir au lieu de lui tendre quelques pièces de monnaie ? T’es-tu déjà demandé pourquoi beaucoup se replient sur eux-mêmes ? T’es-tu déjà demandé pourquoi certains s’isolent, préfèrent rester seul ? T’es-tu déjà demandé pourquoi certains ne se frottent pas aux gens ? Il y a beaucoup de questions à se poser, mais il n’y aura jamais assez de lignes.

La réponse est simple : Ils ne sont pas pris en compte par la société. Imaginez qu’une personne en situation de handicap décroche un emploi et est affectée au premier étage pour y travailler sans tenir compte de l’accessibilité. Comment va-t-elle faire ?

Plusieurs de nos services publics, privés, lieux de cultes, nos sociétés de transport en commun, etc. sont inaccessibles aux personnes en situation de handicap. Elles sont tout simplement les oubliés de la société. Cette dernière ne tient pas compte d’eux dans les projets de développement et la construction des infrastructures.

Pour leur venir en aide, avec des vivres par exemples, certaines personnes vont convoquer tous les médias. En tant qu’être humain, ne savez-vous pas que vous bafouer leur dignité ? Si vous étiez à leur place, qu’allez-vous ressentir ? La Bible Mt 6 :3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite.

2- Il faut de l’amour et de la patience

Toute personne a besoin d’être libre, d’être capable de faire les gestes simples du quotidien sans l’aide d’un tiers. Personne ne souhaite être handicapé ou veut rester handicapé. Comme je l’ai mentionné un peu en haut, c’est quelque chose qui vient à l’improviste. Alors ne dites pas que la personne ne veut pas faire d’efforts. Il est bien vrai que c’est difficile de supporter la personne. Mais cultivez la patience chaque jour. Donnez-lui de l’amour chaque jour. Faites de telle sorte que la personne sente et sache qu’elle compte beaucoup pour vous. Sinon se mettre à l’idée que la personne ne veut rien faire comme effort va l’enfoncer.

« La personne en situation de handicap a besoin de respect. Pas de pitié « . Alors ne regardez pas la personne avec pitié. Si vous le faites, Elle peut se sentir vexée. Approchez-vous d’elle avec amour et ne faites pas attention à son handicap. Discuter avec elle. Soyez patient. Petit à petit, elle s’ouvrira à vous. Derrière chaque handicap se cache une histoire. Mais de grâce, ne trahissez pas sa confiance.

Ne vous hâtez pas de l’aider dans ses tâches quotidiennes sauf si vous êtes très proches. Elle a sa manière d’exécuter ses tâches. Vous verrez que d’autres écrivent avec leur bouche ou pieds. Beaucoup quand ils me voient pour la première fois pensent que je ne peux pas écrire. (Rire). J’écris avec le dos de mon pouce quand je suis couché et avec le dos de l’auriculaire quand je suis assis. Chacun s’adapte à sa manière. Vous avez d’autres sans bras pensant qu’ils ne peuvent pas par exemple manger eux-mêmes. Pourtant ils manient bien la cuillère et la fourchette. C’est impressionnant de voir une personne en situation de handicap exécuter certaines tâches. Alors vous pourrez lui proposer votre aide.

Ne sous-estimez pas leur capacité intellectuelle. Beaucoup sont intelligents. Malheureusement, on regarde leur handicap au lieu de ce qu’elles peuvent faire.

Avec ces quelques astuces, vous voila outillés pour être de bons soutiens envers les personnes vivant avec un handicap.

QUE POUVONS NOUS FAIRE ENSEMBLE ?

Je crois que chacun de nous peut aider au niveau matériel quelque-soit sa situation financière.

Chacun de nous peut être les mains, les yeux, les oreilles, les pieds, etc. d’une personne en situation de handicap.

Nous pouvons faire valoir leur droit en rendant réelle les lois votées pour leur bien-être et leur protection en sensibilisant autour de nous. En apprenant aux enfants de bas âge que les personnes handicapées sont aussi des êtres humains. Et surtout en posant des actes significatifs devant eux. Les enfants nous imitent.

Nous devons revoir l’accessibilité aux handicapés des lieux publics et privés, des lieux de cultes, des transports en commun. Nous devons prendre en compte les personnes en situation de handicap dans tous les plans de développement. Et cela passe par la sensibilisation et les lois à adopter.

Nous pouvons dire oui à leur dignité par l’accès au travail.

Ensemble nous pouvons dire non, à la marginalisation, au mépris, au rejet, aux moqueries etc. vis-à-vis des personnes en situation de handicap.

Je crois et je le répète, avec la sensibilisation beaucoup de choses peuvent changer.

Je conclus par ces lignes…

Aimons-nous les uns les autres. La personne que tu qualifie d’handicapée est humaine comme toi. Elle a besoin d’espace, d’intimité, de dignité, de travail…Seulement la vie lui a privé certains membres ou certaines fonctionnalités.

De grâce ne le rejette pas. Ne te moque pas d’elles

Chers parents ne méprisez pas l’enfant d’autrui. Apporter plutôt de l’amour. Posez-vous toujours cette question : »Et si c’était mon enfant ?’’

Soyez humbles. Souvenons-nous qu’on peut se retrouver nous aussi avec un handicap à la suite d’un accident ou d’une maladie.

N’attendons pas que le malheur s’invite chez nous pour saisir la profondeur du terme  » l’homme n’est rien.

Souvenons-nous qu’on est tous des potentiels handicapés ! Nul n’est à l’abri.

La vie c’est l’amour. Rien de plus !

Ps : Toute personne qui a un parent en situation de handicap comme moi et qui veut qu’on discute peut me contacter. Écrivez-moi seulement.

Toute personne qui a des escarres et qui veut qu’on échange, je suis disponible.

Enfin je suis disponible pour tout le monde. N’hésitez pas.

#Demeurezbénis

21 thoughts on “Ensemble nous pouvons

  1. Eze tu as frappé fort encore avec cet écrit très réel et si touchant. Merci de nous apprendre bien de choses..
    Dieu nous donne cette sagesse à nous aimer et nous soutenir comme il se doit.
    Demeures richement béni.

  2. Bonjour fiston! Ton article est très réel et touchant a travers tes écrits tu nous amène a un changement de comportement en vers les personnes handicapés de tout genre . Que Dieu te bénisse abondamment tu es un don de Dieu parmi nous longue vie a toi maman est fière de toi de la haut .

  3. Le Seigneur nous aide à aimer nos prochains comme nous même sans rejeter ces personnes dans une situation d’handicap, ainsi nous rendrons le monde meilleur
    Merci pour le message et bonne suite à vous, DIEU vous bénisse 🙏🏿🙏🏿

  4. Les mots me manquent mon camarade de classe depuis le Lycée Yamwaya .
    Vous êtes un exemple d’un homme courageux

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